Un scientifique dit : « Le monde devrait faire face à la réalité ». Même si nous connaissons les moyens de transmission du Covid-19, plusieurs inquiétudes sont encore à soulever. Nous nous préoccupons depuis quelques années de la santé des bâtiments puis de l’intersection entre la maladie et la conception. Plus récemment, nous nous préoccupons de comment la transmission de la maladie à Coronavirus va affecter la conception de nos maisons, de nos lieux de travail et de nos villes.
C’est pourquoi, nous nous sommes récemment penchés sur la question de la climatisation, de la ventilation mécanique et de la transmission de la maladie à Coronavirus en nous penchant sur le chapitre et les vers de l’American Society of Heating, Refrigerating, and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE). Il s’agit de l’organisation qui recommande des normes pour l’industrie.
Dans son ouvrage, Miller fait référence à un autre document « rédigé par le Dr Morawska, qui a également dirigé notre groupe de scientifiques intrépides dans la rédaction de ce document actuel ». Son titre est d’ailleurs très évocateur “Transmission aérienne du SRAS-CoV-2”.
Pour inciter le monde à faire face à la réalité, le Dr Moraska fait remarquer que le lavage des mains et la distanciation sociale ne suffisent pas. Ils n’empêchent pas l’infection par inhalation du virus.
La science explique les mécanismes de ce transport et il est prouvé qu’il s’agit d’une voie d’infection importante dans les environnements intérieurs. Malgré cela, aucun pays ou autorité ne considère la transmission du Covid-19 par voie aérienne dans sa réglementation pour prévenir la transmission des infections à l’intérieur.
Il est donc extrêmement important que les autorités nationales reconnaissent la réalité que le virus se propage par l’air. L’Etat doit recommander que des mesures de contrôle adéquates soient mises en œuvre pour prévenir toute nouvelle propagation du virus du SRAS-CoV-2. En particulier, l’accent doit être mis sur l’élimination des gouttelettes chargées de virus de l’air intérieur par ventilation.
Ainsi, le Dr Moraska examine les événements passés, notamment le SRAS-CoV-1, qui a frappé durement Hong Kong et Toronto, et qui s’est propagé dans l’air, ainsi qu’un certain nombre d’autres foyers de virus, et ne voit aucune raison pour que celui-ci soit différent.
Il soutient que « C’est pourquoi il convient de prendre toutes les précautions possibles contre la transmission par voie aérienne dans des scénarios en intérieur. Les précautions comprennent l’augmentation du taux de ventilation, l’utilisation de la ventilation naturelle, l’évitement de la recirculation de l’air, l’évitement de rester dans le flux d’air direct d’une autre personne, et la réduction du nombre de personnes partageant le même environnement« .
Bien que la menace de transmission du Covid-19 est une question pertinente, il est compliqué d’identifier le virus dans l’air. Le Dr Moraska pense que cela pourrait être dû au fait qu’il est difficile de le déterminer avec précision même de manière visible. Cependant, le fait qu’il n’existe pas de méthodes simples pour détecter le virus dans l’air ne signifie pas que les virus ne voyagent pas dans l’air.
Le Dr fini par conclure que “compte tenu de la tendance à l’augmentation des infections et de la compréhension de la science fondamentale de la propagation des infections virales, nous croyons fermement que le virus est susceptible de se propager par l’air.
Par conséquent, nous plaidons pour que les autorités internationales et nationales reconnaissent la réalité que le virus se propage par l’air. Ils doivent recommander que des mesures de contrôle adéquates, tel que discuté ci-dessus, soient mises en œuvre pour prévenir toute nouvelle propagation du virus du SRAS-CoV-2”.
Comment peut-on réduire au minimum la transmission du COVID-19 par voie aérienne à l’intérieur des bâtiments ?
Lidia Morawska a été l’auteure principal (avec Shelly Miller et 33 autres personnes du monde entier) de la récente étude qui s’est penchée sur la question de la transmission du Covid-19 par voie aérienne.
Elle note que « l’inhalation de petites gouttelettes en suspension dans l’air est probablement une troisième voie d’infection en plus de la transmission du Covid-19 plus largement reconnue par le biais de gouttelettes respiratoires plus grosses et du contact direct avec des personnes infectées ou des surfaces contaminées ».
Le premier point et probablement le plus important à prendre en compte dans cette lutte contre la transmission du Covid-19 est la ventilation. Notons que ce combat ne concerne pas seulement les bâtiments hospitaliers, qui ont été conçus pour avoir une bonne ventilation.
Cela concerne aussi les bâtiments publics et autres espaces communs, tels que les magasins, bureaux, écoles, jardins d’enfants, bibliothèques, restaurants, bateaux de croisière, ascenseurs, salles de conférence ou transports publics, etc.
Il s’agit de tous les systèmes de ventilation pouvant aller de systèmes mécaniques spécialement conçus à la simple utilisation de portes et fenêtres ouvertes. Dans la plupart de ces environnements, les taux de ventilation sont nettement inférieurs à ceux des hôpitaux pour diverses raisons, notamment pour limiter les flux d’air afin de réaliser des économies d’énergie et de coûts. Si l’on considère que tous les foyers et les lieux publics sont moins ventilés alors, la transmission du Covid-19 risque de ne pas finir avant longtemps.
De toute évidence, il est important de s’attaquer à ce problème dès maintenant. Aujourd’hui, les mesures de confinement au domicile étant progressivement assouplies, une grande partie de la population peut recommencer à passer de plus en plus de temps dans des lieux de travail, des bureaux, des écoles et d’autres bâtiments publics insuffisamment ventilés.
Dans ces milieux, la population peut être exposée à un risque de contracter des infections virales par inhalation. Pour remédier à ce type de transmission du Covid-19, des mesures devraient être prises immédiatement. Ainsi, les taux de ventilation devraient être augmentés par des modifications du système. Toutefois, ils reconnaissent que « cela ne se fait pas par un simple « coup d’interrupteur » », car ces systèmes sont conçus pour chaque bâtiment et sont complexes.
Pour lutter contre la transmission du Covid-19, il faut également éviter la recirculation de l’air. Cette recommandation a été formulée par les associations d’ingénieurs européennes et américaines. Evidemment, cette précaution ne sera pas facile dans les climats chauds.
Quant aux systèmes split et comme dans les restaurants que l’on trouve partout en Amérique du Nord et qui n’ont aucune prise d’air, ils devraient simplement être éteints. Au cas contraire, ils doivent laisser entrer beaucoup d’air frais à travers les fenêtres qui s’ouvrent.
Là encore, ce sera très difficile en été dans les régions les plus chaudes du pays. Néanmoins, les dispositifs de purification et de désinfection de l’air peuvent être utiles pour diminuer transmission du Covid-19. Cela inclut les systèmes à lumière ultraviolette (UVC), comme nous l’avons vu précédemment. Dans ces conditions, des filtres à air et des épurateurs portables pourraient également être utiles.
Ensuite, il faut réduire au minimum le nombre de personnes dans un même environnement intérieur en cas d’épidémie. C’est une précaution difficile, car personne ne sait vraiment quel est le nombre de personnes en sécurité dans un espace donné ou ce qui ne l’est pas.
Néanmoins, leur ligne directrice empirique est logique. Dans une école ou un supermarché, par exemple, si le nombre d’étudiants ou d’acheteurs infectés est faible et que le taux de ventilation est élevé, le risque de transmission du Covid-19 par l’air peut être faible.
L’entassement d’un groupe de personnes dans un métro ou un bus est une autre histoire.
Si elles sont correctement mises en œuvre, ces mesures recommandées pour les bâtiments permettront de réduire les concentrations globales d’agents pathogènes dans l’environnement et donc de limiter la propagation de l’infection par voie aérienne.
Associées à d’autres conseils pour minimiser le risque de transmission du Covid-19 par contact et par gouttelettes (par le lavage des mains, le nettoyage des sites de contact et l’utilisation appropriée des EPI), ces interventions liées à la ventilation réduiront les taux d’infection par voie aérienne non seulement pour le SRAS-CoV-2 dans la pandémie actuelle de COVID-19. De même ces mesures permettront de réduire d’autres agents infectieux transmis par voie aérienne.
A travers cet article, il y a beaucoup de leçons à tirer pour les architectes et les ingénieurs. Il est peut-être temps de revoir les moyens traditionnels de se rafraîchir, d’ombrager les bâtiments avec de la végétation et d’avoir une bonne ventilation croisée puis d’augmenter l’isolation pour minimiser le besoin d’air recyclé. En dehors de tout ça, la leçon la plus importante à tirer de tout cela est peut-être que nous devons changer le processus de conception des maisons.
Aujourd’hui, les architectes ne peuvent pas se contenter de concevoir un bâtiment et de remettre ensuite les plans à un ingénieur. Les systèmes mécaniques et la conception du bâtiment sont indissociables. Ils doivent savoir exactement comment l’air circule et combien il en faut. Au lieu de concevoir pour l’esthétique, la valeur ou le confort, nous devons concevoir désormais pour la santé.
Pour les autres, les précautions à prendre pour limiter la transmission du Covid-19 sont nombreuses. Il faut éviter les foules, dîner en plein air, porter un masque, soutenir votre petit magasin de quartier où vous avez plus de chances d’être l’une des quelques personnes qui s’y trouvent, ou ces petits restaurants sympas avec leurs grandes portes de garage.